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À Memramcook, comme dans beaucoup de nos paroisses acadiennes, on désigne les personnes rarement par leur nom de famille mais on ajoute plutôt le nom du père et parfois même du grand-père pour nommer un tel ou une telle. Et cela depuis des générations. Ainsi par exemple, on disait: Vital à Simon Charles; une génération après, c'était Willie à Vital; de nos jours, on dit Louis à Willie et quelquefois on dit Louis à Willie à Vital à Simon Charles (Gaudet). Quelques autres exemples Arthur à John (Gaudet), Albert à Philéas (Gaudet), Léo-Paul à Hervé, Hervé à Damien à Thaddée (Gaudet), Vital à Vital (Léger), Léopold à Eloi (Léger), Pierre à Olivier (LeBlanc), Joseph à Anselme (LeBlanc), Adolphe Dana (Donat), Gaspard à Docité (Bourque), Fred à Hilaire (Boudreau), Corinne à Dominique (LeBlanc), Germaine à Pascal (Cormier), Gérald à Eloi (Belliveau), Jude à Fidèle (Belliveau), etc... C'est ainsi qu'on :désignait et que l'on désigne encore les personnes en question. En entendant les personnes appelées ainsi, immédiatement on sait de qui il agit. Dans bien des cas, on trouvait et l'on trouve encore des mêmes noms, prénoms et noms de famille. Il est presqu’impossible de dire lequel est lequel (which is which). À Saint-Joseph, il y a quelques années passées, il y avait 5 Gérard Gaudet: Gérard à Henri, Gérard à Raymond, Gérard à Wilfred, Gérard à René et Gérard à Albéni. C'était la seule manière de les distinguer, c'est-à-dire en nommant le nom de leur père. Mais la chose se compliquait, surtout pour le maître ou la maîtresse de poste lorsqu'arrivait une lettre adressée comme suit: Gérard Gaudet, Saint-Joseph, N.-B. À quel des 5 fallait-il donner la lettre? Ce qui arrivait souvent, c'est que le dernier des 5 à qui on remettait la lettre, on pouvait lire sur l'enveloppe "ouvert par erreur". Imaginez les complications s’il s'agissait d'une lettre d'amour.
Pour désigner aussi les personnes, on se servait souvent d’un qualificatif comme suit: On disait Eloi au Grand Louis, Frank au p’tit Maximin, Hervé au p'tit Simon. Le gros Ben, le p'tit Moise, le vieux John Richard, le vieux Marc, le vieux Jos, la vieille Marie. Dans certains cas le père était décédé assez jeune et que la mère avait élevé la famille seule, on donnait le nom des enfants comme suit: Alphé à Véronique, Laurent à Babbé, Louis de la veuve, etc... Ce n'était pas par dérision qu'on nommait ainsi telle ou telle personne, c'était la coutume et l’on pourrait dire dans bien des cas, des marques d'estime pour ces personnes là.
LES SOBRIQUETS DE FAMILLE
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